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L’Organisation des Nations unies a proclamé 2010, année internationale de la biodiversité pour alerter l’opinion publique sur l’état et les conséquences du déclin de la biodiversité dans le monde. Mais qu'est-ce que la Biodiversité exactement ? Et comment les entreprises peuvent-elles agir ?

Qu'est ce que la biodiversité ?

La biodiversité, est un concept récent, né en 1985, pour désigner la variété biologique présente sur notre planète. Il s'agit cependant bien plus que de la simple liste des espèces animales ou végétales qui peuplent la terre.

La biodiversité correspond tout à la fois, à la variété des habitats naturels, à la variété des espèces vivantes, à la variété génétique des différentes espèces et surtout aux relations et interactions mutuelles qui garantissent le maintien de cette diversité.

La biodiversité est le garant de la survie de l'homme. La multitude des interactions entre les espèces vivantes nous fourni des biens irremplaçables et indispensables (nourriture, oxygène, matières premières), permet la pollinisation des végétaux (et donc des cultures), et contribue à la potabilisation naturelle de l'eau.

Pourtant aujourd'hui, on constate une diminution importante et rapide de cette biodiversité. D'après l'UICN en 2009, 21% de tous les mammifères connus, 37 % des poissons d'eau douce, 70 %des plantes sont menacés et en danger d'extinction.

Les scientifiques parlent aujourd'hui de la 6ème extinction pour souligner la gravité du phénomène. Elle correspond à la plus grande extinction d'espèces depuis la disparition des dinosaures. Ce qui la distingue des 5 précédentes causées par des phénomènes naturels, c'est qu'elle est de l'entière responsabilité de l'Homme.

Pour les économistes la dégradation des services écologiques fournis par la nature pourrait représenter un coût allant jusqu'à 7% du PIB mondial en 2050. Se préoccuper de la protection et du maintien de la biodiversité, ce n'est donc pas que pour les beaux yeux des orangs outangs, ou des ours polaires.

Plus d'informations sur l'année internationale de la biodiversité en cliquant ici.

La biodiversité en Alsace

On estime à 35% la proportion d'espèces et d'habitats rares menacés, soit 1/3 du vivant de notre région.

Symbole de cette érosion, le Grand Hamster d'Alsace. De 430 individus en 2002, on ne compte plus que 127 animaux en 2009 sur la zone noyau de Geispolsheim/Blaesheim/Entzheim.

Pour protéger la biodiversité, la Région Alsace a initié en 2003, en partenariat avec Alsace Nature, le projet de Trame Verte. L'idée : constituer un grand corridor écologique afin de lutter contre le morcellement des habitats en Alsace.

Le Grand Hamster - photo APELE

Plus d'informations :

Regards croisés d'experts

Joël Houdet, consultant Bilan Biodiversité, auteur du guide "intégrer la biodiversité dans les stratégies d'entreprise" pour Orée et pour la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité

Les entreprises comprennent de plus en plus qu'elles vont être directement impactées par la raréfaction des énergies fossiles. En quoi sont-elles concernées par la biodiversité ?

Pour l'entrepreneur, le monde vivant renvoie à des objets qu'il gère, transforme et commercialise, comme dans le cas des industries agro-alimentaires (fruits, viandes, fromages), textiles (coton, laine) ou forestières. Source majeure d'innovation (molécules, espèces ingénieurs, biotechnologies), la biodiversité conditionne souvent une part importante du chiffre d'affaires de l'entreprise, en particulier via sa dépendance aux services écosystémiques : ex. régulation du climat, des risques naturels, des cycles de l'eau et des nutriments. En outre, les enjeux de la biodiversité peuvent s'appréhender en termes de risques et d'opportunités (réputation, accès aux ressources, réglementation, nouveaux marchés), notamment dans le cadre de la gestion des impacts d'une firme sur les composantes remarquables des écosystèmes.

Comment une entreprise peut-elle agir pour diminuer ses impacts sur et quels gains peut-elle en retirer ?

Prendre en compte la biodiversité et les services écosystémiques permettrait à l'entreprise de renouveler profondément son diagnostic stratégique interne (facteurs clefs de succès) et externe (positionnement par rapport aux concurrents). Caractériser son infrastructure écosystémique, c'est-à-dire identifier l'ensemble des éléments du monde vivant avec lesquels elle interagit, lui permettrait de cibler les interdépendances qu'elle doit maîtriser et valoriser. Dans cette optique, un état des lieux (dépendances, impacts) s'avère indispensable : c'est ce qu'apporte la réalisation d'un Bilan Biodiversité. A partir de cette cartographie comptable, on préconiserait des actions favorables aux écosystèmes (ingénierie écologique) tout en sécurisant la disponibilité des services écosystémiques indispensables à l'activité. Il pourrait notamment s'agir de lancer des actions de gestion différenciée sur les actifs fonciers, de compenser les dommages indirects liés aux chaînes d'approvisionnement ou encore de s'engager dans des marchés émergents dits de paiements pour services écosystémiques.

Plus d'informations sur le guide Orée à cette adresse.

Philippe Ludwig, chargé de mission à l'ARIENA en charge des partenariats avec les entreprises.

Les entreprises sont-elles conscientes de leur impact et de leur responsabilité à l'égard de la biodiversité ?

Avouons-le, la gestion des déchets ou les émissions de gaz à effet de serre sont au centre des préoccupations. Toutefois, de nombreuses entreprises savent que leur activité tire profit des biens (matières premières, ressources énergétiques, alimentaires ou génétiques) et services (épuration de l'air, de l'eau, formation des sols, pollinisation, etc.) rendus par la biodiversité. Elles sont donc sensibles à la préservation des espèces et des écosystèmes et y contribuent déjà, à travers les mesures de lutte contre les pollutions. Cependant, face à l'urgence de la situation, les entreprises doivent aller plus loin : impliquer leurs salariés et s'engager, en concertation avec les parties prenantes, pour conserver des habitats favorables à la faune et à la flore.

Comment une entreprise peut-elle agir et quels avantages peut-elle en retirer ?

Récemment, plusieurs associations du réseau Ariena ont signé une convention de mécénat avec une entreprise implantée dans la Région. À travers cette convention, l'entreprise apporte son soutien à plusieurs projets d'intérêt général en faveur de la biodiversité : contribution à l'achat de terrains pour préserver une zone humide remarquable, aide à l'aménagement d'un centre de soins et financement d'outils pédagogiques. Cette entreprise a également accepté de repenser la gestion du site de production pour recréer des milieux favorables à la biodiversité. Ces milieux deviennent des supports pédagogiques : les associations d'éducation à la nature et à l'environnement sensibilisent le salarié sur son lieu de travail et l'incitent à agir dans un cadre extra-professionnel.


Les avantages pour l'entreprise sont multiples et vont bien au-delà du seul axe environnemental. Sur le plan social, ces projets impliquent et motivent les collaborateurs. En effet, la préservation de la biodiversité est un thème fédérateur et les aménagements réalisés améliorent le cadre de travail. Ces partenariats permettent également à l'entreprise de s'ouvrir sur son territoire et de renforcer les relations avec le monde associatif, les collectivités et les riverains. Sur le plan économique, de telles actions participent à la maîtrise des frais d'entretien. A titre d'exemple, une tonte fréquente et systématique est une aberration tant écologique, qu'économique !

Plus d'informations sur les partenariats entreprise avec l'Ariena à cette adresse.

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